Environnement : Analyse et impact de la pollution marine sur l’économie mondiale
Une évaluation complète des déchets marins publiée à Nairobi, au Kenya le 21 octobre 2021, par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), montre l’ampleur de la pollution marine au niveau mondial et met en garde contre les fausses solutions qui limitent la vision d’une économie durable.
Selon cette évaluation, une réduction drastique du plastique inutile, évitable et problématique est cruciale pour résoudre la crise de la pollution mondiale.
Une transition accélérée des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, la suppression des subventions et le passage à des approches circulaires permettront de réduire les déchets plastiques à l’échelle nécessaire.
De la pollution à la solution : l’évaluation mondiale des déchets marins et de la pollution plastique en 2021, montre que la menace est en hausse dans tous les écosystèmes, de
la source aux océans.
L’évaluation montre également que bien que nous disposions du savoir-faire, une volonté politique et une action urgente des gouvernements sont nécessaires pour faire face à cette
crise croissante.
La pollution plastique qui pénètre dans les écosystèmes aquatiques a fortement augmenté ces dernières années et devrait être multipliée par deux d’ici à 2030, avec des conséquences désastreuses pour la santé humaine, l’économie mondiale, la biodiversité et le climat.
Les plastiques, un danger pour le climat
L’évaluation souligne que les plastiques constituent également un problème climatique : sur la base d’une analyse du cycle de vie, les émissions de gaz à effet de serre dues aux plastiques s’élevaient en 2015 à 1,7 gigatonne (Gt) d’équivalent CO2 (Gt éq CO2), et devraient atteindre environ 6,5 Gt éq CO2 d’ici à 2050, soit 15 % du budget carbone mondial.
Les auteurs mettent en doute la solution du recyclage comme moyen de parvenir à sortir de la crise de la pollution plastique.
Ils mettent en garde contre les alternatives néfastes aux produits à usage unique et autres produits en plastique, comme les plastiques biosourcés ou biodégradables, qui représentent actuellement une menace chimique similaire à celle des plastiques conventionnels.
Le rapport examine les défaillances cruciales du marché, telles que le faible prix des matières premières fossiles vierges par rapport aux matériaux recyclés, les efforts non coordonnés dans la gestion informelle et formelle des déchets plastiques, et l’absence de consensus sur les solutions au niveau mondial.
« Cette évaluation fournit l’argument scientifique le plus solide à ce jour pour souligner l’urgence d’agir, et pour la mise en œuvre de mesures collectives visant à protéger et restaurer nos océans de la source à la mer », a déclaré Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE.
« Les effets et les solutions pour traiter les débris de déchets plastiques, tels que les microplastiques et les additifs chimiques, dont on sait qu’ils sont souvent toxiques et dangereux pour la santé de l’homme et de la faune, ainsi que pour les écosystèmes, est une préoccupation majeure.
La vitesse à laquelle la pollution plastique des océans retient l’attention du public est encourageante. Il est essentiel que nous profitions de cet élan pour nous concentrer sur les possibilités de créer des océans propres, sains et résilients. »
Le plastique représente 85 % des déchets marins
Le rapport souligne que le plastique représente 85 % des déchets marins et prévient que d’ici à 2040, les volumes de pollution plastique qui se déversent dans les zones marines vont presque être multipliés par trois, ajoutant 23 à 37 millions de tonnes métriques de déchets plastiques dans l’océan par an. Cela représente environ 50 kg de plastique par mètre de côté dans le monde.
Par conséquent, l’ensemble de la vie marine, qu’il s’agisse du plancton, des crustacés, des oiseaux, des tortues et des mammifères, est exposé à un risque grave de toxicité, de troubles du comportement, de famine et de suffocation.
Les coraux, les mangroves et les herbiers marins sont également étouffés par les déchets plastiques qui les empêchent de recevoir l’oxygène et la lumière dont ils ont besoin.
Le corps humain est par ailleurs vulnérable à de multiples égards à la pollution plastique des sources d’eau, capable de provoquer des changements hormonaux, des troubles du développement, des anomalies de la reproduction et des cancers. Les plastiques sont ingérés par le biais de la consommation de fruits de mer, de boissons et même le sel de table et peuvent alors pénétrer à travers la peau et être inhalés lorsqu’ils sont en suspension dans l’air.
Les déchets marins et la pollution plastique ont également des effets considérables sur l’économie mondiale.
Les coûts économiques de la pollution plastique marine, par exemple ses effets sur le tourisme, la pêche et l’aquaculture, ainsi que d’autres coûts tels que ceux des opérations de nettoyages, ont été estimés en 2018 à 6 à 19 milliards dollars en 2018 dans le monde.
On prévoit que d’ici à 2040, les entreprises courent un risque financier annuel à hauteur de 100 milliards de dollars si les gouvernements exigent qu’elles couvrent les coûts de gestion des déchets en fonction des volumes et des possibilités de recyclage.
Les niveaux élevés de déchets plastiques peuvent également entraîner une augmentation de l’élimination illégale des déchets au niveau national et international.
L’évaluation exhorte une réduction immédiate des plastiques et encourage une transformation de l’ensemble de la chaîne de valeur des plastiques.
Des investissements supplémentaires doivent être réalisés dans des systèmes de surveillance beaucoup plus robustes et efficaces pour identifier les sources, l’échelle et le devenir du plastique, ainsi que dans le développement d’un cadre de risque, qui fait actuellement défaut au niveau mondial.
En fin de compte, il est essentiel de passer à des approches circulaires, comme des pratiques de consommation et de production durables, une accélération du développement et de l’adoption d’alternatives par les entreprises et une sensibilisation accrue des consommateurs pour permettre des choix plus responsables.
La campagne « Océans Propres » du Programme des Nations Unies pour l’environnement
Le Programme des Nations Unies pour l’environnement a lancé la Campagne pour des Océans propres en 2017 dans le but de catalyser un mouvement mondial pour inverser la tendance en matière de plastique en réduisant l’utilisation de plastiques inutiles, évitables et problématiques, notamment les plastiques à usage unique, et en éliminant progressivement les microplastiques ajoutés intentionnellement.
Depuis lors, 63 pays se sont engagés à contribuer à l’amélioration de la gestion des plastiques en réduisant, entre autres, la prévalence des produits en plastique à usage unique.
La campagne va maintenant mettre en lumière les problèmes et les solutions de la source à la mer et appeler à une action mondiale urgente.
La campagne contribue aux objectifs du partenariat mondial sur les déchets marins et de l’engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques.