La gestion des déchets produits par les navires commerciaux
Les navires commerciaux produisent différents déchets et matières résiduelles dans le cadre de leurs activités. L’élimination appropriée de ces déchets permet de prévenir la pollution par les navires. Un rejet accidentel ou délibéré de déchets provenant d’un navire peut endommager l’environnement marin, contaminer les chaînes alimentaires et nuire à la vie marine.
Les propriétaires de navires, les marins, les régulateurs et les autorités portuaires travaillent ensemble pour gérer et éliminer ces déchets en toute sécurité.
Les différents types de déchets produits par les navires et leurs équipages
Plus de 55 000 navires commerciaux sillonnent les eaux et les océans du monde chaque année.
En se déplaçant d’un port à un autre, ces navires produisent toute une gamme de déchets huileux, d’eaux de lavage, d’eaux de ballast, d’eaux usées (eaux noires), d’eaux grises, de résidus de cargaison, de déchets alimentaires et d’autres déchets semblables aux déchets ménagers typiques.
On distingue 2 grands types de déchets à bord des navires :
- Les déchets produits par le navire et son fonctionnement
- Les déchets produits par l’équipage
1- Les déchets produits par le navire et son fonctionnement
Il s’agit de :
Résidus huileux des hélices
Les hélices de propulsion sont traitées avec de l’huile lubrifiante qui peut s’écouler dans l’océan si le joint de l’arbre d’hélice est endommagé par le vieillissement, si les filets de pêche s’y accrochent ou si l’hélice entre en contact avec le fond marin ou la glace.
Il est estimé que jusqu’à 240 millions de litres d’huile d’arbre d’hélice s’échappent dans l’océan chaque année, à l’échelle mondiale.
Traitement des déchets huileux des hélices
Des inspections et des entretiens réguliers du joint d’étanchéité de l’arbre d’hélice permettent de minimiser la quantité d’huile qui pénètre dans l’environnement.
Certains navires plus récents sont conçus avec une lubrification à l’eau de mer plutôt qu’à l’huile pour éviter ce problème.
Eaux usées des systèmes d’épuration des gaz d’échappement (épurateurs)
Les systèmes d’épuration des gaz d’échappement ou épurateurs traitent la pollution atmosphérique pour éliminer les oxydes de soufre (SOx) des gaz d’échappement des moteurs de navires en les « lavant ».
Les systèmes en circuit ouvert utilisent l’alcalinité naturelle de l’eau de mer pour neutraliser les SOx et libérer en continu les eaux de rejet.
Les systèmes en circuit fermé utilisent de l’eau douce avec de la soude caustique pour neutraliser les SOx, puis font recirculer l’eau de lavage et séparent les particules restantes sous forme de boue. Une petite quantité d’eau de lavage est rejetée.
Traitement :
L’eau des épurateurs en circuit ouvert est testée pour vérifier que son acidité et la présence d’autres produits chimiques rencontrent les normes minimales avant qu’elle soit rejetée.
L’eau du système de refroidissement du moteur est utilisée pour diluer le flux de déchets et neutraliser son acidité afin qu’il puisse être rejeté dans l’océan lorsque le navire est en route.
Les eaux usées des épurateurs en circuit fermé sont testées et si elles sont trop contaminées pour être rejetées dans l’océan, elles doivent être retenues pour être éliminées à terre.
Eaux de cale
La cale est le point le plus bas d’un navire. Les eaux de cale et les résidus qui s’y accumulent contiennent un mélange d’huile, de boue, de produits chimiques, de détergents et d’autres polluants générés par les opérations du navire.
Les eaux de cale peuvent également s’accumuler dans les cales à marchandises. Ce type d’eau de cale peut être généré par l’humidité contenue dans les marchandises, par la décomposition des débris de marchandise laissés dans les cales et par l’eau de pluie qui s’y accumule.
Traitement :
Les eaux de cale sont traitées à l’aide d’un séparateur huile/eau. La teneur en huile est contrôlée par un capteur qui arrête l’unité si les limites sont dépassées. L’huile séparée est éliminée dans un site agréé à terre. Seule la teneur en huile de l’eau de cale est réglementée, l’eau traitée peut donc contenir d’autres polluants.
Les eaux de cale des cales à marchandises contiennent souvent que de l’eau et sont généralement pompées par-dessus bord par l’entremise du système de pompage des cales à marchandises. Toutefois, si elles contiennent de l’huile, ces eaux sont pompées dans un réservoir de collecte où l’huile est séparée de l’eau et conservée pour être éliminée à terre.
Résidus de cargaison et eaux de lavage
Les navires de charge peuvent transporter de tout, des céréales aux minéraux en passant par des substances liquides nocives et des produits chimiques dangereux. Les pétroliers transportent des hydrocarbures de différents types et qualités. Pour éviter toute contamination croisée, les cales des navires doivent être nettoyées entre chaque chargement. Le lavage des cales peut se faire au port ou en mer pendant un voyage.
Traitement :
L’eau de lavage des cales contient des résidus de cargaison et des produits de nettoyage. Une partie des eaux de lavage peut être déversée dans l’océan lorsque le navire fait route et qu’il est suffisamment éloigné de la côte. Les résidus de cargaison plus nocifs doivent être éliminés à terre.
Eaux de ballast
Pour maintenir leur stabilité, les navires doivent prendre à bord ou rejeter de l’eau de ballast lorsqu’ils déchargent ou chargent des marchandises. Environ dix milliards de tonnes d’eau de ballast sont transportées, chaque année, par les navires à l’échelle mondiale. Les eaux de ballast peuvent nuire aux environnements locaux en transportant et en rejetant des espèces marines étrangères et potentiellement envahissantes.
Traitement
Les navires échangent leurs eaux de ballast lorsqu’ils sont en haute mer afin de rejeter les espèces étrangères loin des eaux côtières. Les navires peuvent être équipés d’un système de traitement des eaux de ballast qui utilise la lumière ultraviolette, l’électrochloration ou l’injection de produits chimiques pour traiter les eaux de ballast avant leur rejet afin d’éliminer les organismes marins qui se trouvent dans ces eaux.
Revêtements de coque et microplastiques
Les revêtements antisalissures sont appliqués sur les coques des navires pour empêcher la vie marine de s’y fixer (encrassement biologique), car les espèces envahissantes peuvent causer des dommages environnementaux énormes et irréversibles. Une coque propre est également plus économe en carburant. Cependant, ces revêtements peuvent lixivier des contaminants de métaux lourds et s’écailler avec le temps, créant une pollution microplastique dans l’océan.
Traitement
Un nettoyage dans l’eau sur une base régulière à l’aide de plongeurs ou de robots peut contribuer à prolonger la durée de vie utile du revêtement en éliminant les salissures biologiques sans endommager le revêtement.
Eaux de lavage de l’ancre
L’eau de mer locale est utilisée pour rincer la boue et les débris des ancres et des chaînes d’ancrage afin d’empêcher le transport d’espèces envahissantes.
Traitement :
L’eau de mer, la boue et les débris restent dans les eaux locales.
2- Les déchets produits par l’équipage
Les ordures
Les ordures sont une vaste catégorie similaire aux déchets ménagers.
Elles comprennent les déchets alimentaires, les plastiques, les emballages, les cordes synthétiques, les cendres d’incinération et les déchets électroniques.
Traitement :
Les ordures ne peuvent pas être éliminées en mer, à quelques exceptions près, comme les déchets alimentaires broyés et les carcasses d’animaux. Les navires sont tenus de trier et de stocker les ordures en toute sécurité. Ces ordures sont ensuite éliminées dans un centre d’élimination agréé à terre.
Les déchets alimentaires
Il s’agit des déchets alimentaires provenant des navires de charge et des navires de passagers, tels que les résidus et les matières organiques.
Traitement :
Trois moyens d’élimination des aliments sont autorisés : l’incinération en mer, l’élimination dans les installations de réception portuaires (sous réserve des règles de biosécurité) , le rejet en mer
Eaux usées (eaux noires)
Les déchets évacués des toilettes, des urinoirs, des hôpitaux et des espaces réservés aux animaux sur les navires sont appelés eaux noires. Elles sont très concentrées et contiennent des niveaux dangereux de bactéries.
Traitement :
Les eaux usées sont trempées et filtrées, et parfois traitées, avant d’être rejetées dans l’océan lorsque cela est autorisé. Les eaux noires peuvent être traitées par filtrage à l’aide de la lumière ultraviolette, par hypochloration ou par des méthodes biologiques utilisant des bactéries pour décomposer les eaux usées. Ces dernières passent ensuite dans un tamis pour filtrer les déchets non organiques. Les liquides sont chlorés et traités dans des réservoirs d’eaux grises. L’eau traitée peut être pompée à la mer. Les boues restantes sont encore filtrées et décomposées dans une chambre d’aération avant d’être rejetées à terre.
Eaux grises
Les eaux grises sont les eaux de drainage des lave-vaisselles, des éviers de cuisine, des douches, des baignoires, des lessives et des lavabos. Elles peuvent contenir de la graisse, de l’huile, des particules alimentaires, des détergents, des retardateurs de flamme, des produits pharmaceutiques et de soins personnels, des désinfectants, des microplastiques, mais aussi des bactéries (telles que les coliformes fécaux), des agents pathogènes, des métaux et des produits chimiques, qui peuvent nuire aux écosystèmes marins.
Traitement
Les eaux grises sont rejetées à la mer, qu’elles soient traitées ou non. Certains navires disposent de systèmes de traitement permettant de traiter les eaux grises et noires dans les mêmes réservoirs.
Les navires parcourent de longues distances entre les ports et disposent d’un espace de stockage limité à bord.
Certains types de déchets retenus à bord peuvent aussi poser un risque pour la santé des équipages. Il s’agit d’un enjeu controversé, mais si les déchets rencontrent les normes établies par les accords internationaux pour limiter les dommages sur l’environnement, leur rejet en mer peut être autorisé.
Le raisonnement en appui est que la haute mer peut gérer les eaux usées non traitées et certains déchets s’ils sont traités de manière appropriée en petites quantités diluées.
Toutefois, les plastiques et les produits chimiques dangereux ne peuvent pas être rejetés en mer.
Source : Clearseas